Vous avez adoré aller vous promener autour de l’étang de Saint-Quentin, y courir, y pique-niquer avec vos enfants, y flâner ; vous aviez eu l’habitude d’aller à la piscine à vagues. Vos enfants avaient découvert la vie des animaux à la ferme pédagogique avec leur professeur. Vous avez eu des amis qui avaient l’habitude de séjourner au camping.
Clap de fin. Tout cela, ce qui faisait de sa base de loisirs un endroit agréable pour se délasser, c’est vraiment terminé. Place au fric.
Le processus est partout le même, dans les services publics ou la culture et les loisirs : les élus de droite en font des vitrines pour attirer la population, puis ils réduisent les subventions jusqu’à la détérioration programmée et, pour ‘’rénover’’, ils offrent ce qui peut devenir un marché juteux aux appétits des groupes privés financiarisés.
L’Île des loisirs de Saint-Quentin n’a pas échappé à la règle : la droite l’a laissée sans entretien et au fur et à la mesure du temps, on a assisté à la dégradation des installations.
L’Île des loisirs, propriété de la région, était administrée par un triumvirat de la droite : région (Pécresse), département (Bédier), agglomération (Fourgous) mais gérée par l’agglomération. Les deux derniers se sont retirés sur fonds de désaccord, laissant Pécresse seule aux commandes. Pour mieux privatiser.
Résultat ? La Commission permanente du Conseil régional a adopté, le 9 juillet 2025, une délégation de service public (DSP) pour la gestion de la base pendant 20 ans.
Si la société d’économie mixte Île de France loisirs reste dans le groupement délégataire, l’UCPA, d’une part, et deux sociétés privées, DALIA SAS et Bluegreen European Holding, d’autre part, se joignent à elle.
Dalia SAS était déjà gestionnaire du Centre équestre de la base de loisirs (CEBL) ; la société qui possède Paris Country Club gère aussi les Haras de Jardy, de l’immobilier, de l’hôtellerie, de la restauration dans toute la France. Elle est présente aussi à l’étranger, notamment au Luxembourg.
Bluegreen est le leader de gestion des golfs, 47 en France et plus de 1000 en tant que partenaires dans le monde.
Les engagements de ce groupement sont ambitieux : développement de plus de 35 activités (dont le golf), d’un parc résidentiel de loisirs (écolodge 4 étoiles), d’un centre de formation aux métiers du sport, d’un pôle raquette, d’un espace innovant dédié au vélo (VELOLE), mais aussi de nouveaux équipements (city stade, streetworkout), etc.
Bien entendu, rien ne sera gratuit. Place au fric. Les salariés n’ont pas été oubliés, (seuls 19 sont repris sur 40, soit 50% de suppressions d’emplois), les usagers non plus (de 465 millions en 2025, les activités devront générer 575 millions en 2031)
La région estime l’investissement nécessaire à 51,8 millions d’euros et en apportera la plus grande part, soit 16,9 millions au titre de subventions pour les investissements et de 15,52 millions au titre de compensation pour les obligations de service public. Nos impôts pour que le retour sur investissement du privé soit le plus rapide possible.
Après l’Île des loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines, ce sera au tour de celle de Vaires-sur-Marne d’être privatisée. Rien n’arrête Valérie Pécresse.
Et pendant ce temps-là, que fait le président de l’agglomération, Jean-Michel Fourgous, à l’origine de l’abandon du site (on se rappellera que la création d’une ‘’fan zone’’ pour les Jeux olympiques avaient mis au jour la présence d’une décharge sauvage, symbole de l’abandon de gouvernance de la base de loisirs, malgré les alarmes notamment du maire de Trappes) ? Le déblaiement, à lui seul, avait coûté environ 800 000 euros.
Fourgous est bizarrement muet. S’il ne dit rien, c’est que ce grand contempteur des services publics et adorateur des privatisations, est en parfait accord avec la décision autoritaire de son amie Valérie Pécresse.
Île des loisirs pour certains ou pour tous ? Valérie Pécresse et Jean-Michel Fourgous ont fait un choix de classe ; celui des politiciens de la droite ultra-libérale.
